Les religions à Singapour : pluralisme

Singapour est une cité-État multiethnique et multireligieuse, où aucune confession n’est majoritaire. Selon le recensement officiel de 2020, environ 31,1 % des résidents sont bouddhistes, 18,9 % chrétiens, 15,6 % musulmans, 5,0 % hindous et 8,8 % taoïstes. Notamment, 20 % des habitants se déclarent sans religion.
Cette mosaïque religieuse reflète la diversité ethnique : en 2020, les Malais (majoritairement musulmans) étaient environ 15 % de la population, les Chinois 75 % (principalement bouddhistes, taoïstes ou chrétiens) et les Indiens 7 % (principalement hindous, avec des minorités musulmanes, chrétiennes et sikhes).
Ainsi, Singapour demeure un exemple de coexistence religieuse, les grandes communautés de foi (bouddhisme, islam, christianisme, hindouisme, taoïsme) étant toutes bien représentées
Le bouddhisme
Le bouddhisme est la religion la plus pratiquée, avec 31,1 % de la population singapourienne qui s’y identifie. Il s’agit surtout du bouddhisme mahāyāna et theravāda pratiqué par l’importante communauté chinoise (plus de 40 % des Chinois sont bouddhistes). De nombreux temples bouddhistes parsèment la ville, du temple Tooth Relic Temple (dent de Bouddha) au quartier Chinatown au temple Jade Buddha à Sion.
Les fidèles participent aux grands rendez-vous comme le Vesakh (anniversaire de Bouddha) et entretiennent des sanctuaires et monastères actifs. Les disciples bouddhistes partagent souvent des lieux de culte avec d’autres courants chinois traditionnels (taoïsme, confucianisme, culte des ancêtres).
Dans l’ensemble, le bouddhisme se pratique librement, la Constitution garantissant la liberté religieuse. Les dirigeants bouddhistes participent aux événements interreligieux visant à promouvoir la tolérance.
Le christianisme
Le christianisme représente 18,9 % de la population. Il a été introduit pendant la période coloniale britannique, et s’est diversifié depuis en catholiques, protestants anglicans ou évangéliques, ainsi qu’en Églises orthodoxes.
On compte plusieurs dizaines d’églises et chapelles prestigieuses : la cathédrale anglicane St Andrew (édifiée en 1861) ou la Cathédrale du Saint-Sacrement (catholique) figurent parmi les sites les plus anciens.
La plupart des chrétiens sont issus de la communauté chinoise et se réunissent également dans des églises locales ou internationales. Les écoles et hôpitaux à vocation chrétienne (fondés historiquement par des missionnaires) sont bien implantés. Les fêtes chrétiennes comme Noël et Pâques sont célébrées publiquement et parfois reconnues comme jours fériés.
Le christianisme participe activement au dialogue interconfessionnel, via des organisations comme l’Organisation Interreligieuse (IRO) qui rassemble les chefs des principales confessions.
L’islam
L’islam est la troisième religion du pays avec 15,6 % des résidents singapouriens qui s’y déclarent adhérents. La communauté musulmane est majoritairement composée de Malais (environ 80 % des musulmans sont d’ethnie malaise), ainsi que d’Indiens musulmans (13 %) et de quelques Chinois ou autres groupes ethniques. Les musulmans singapouriens sont presque tous sunnites, notamment suivant l’école juridique shaféite ou hanafite.
Depuis 1968 la Majlis Ugama Islam Singapura (MUIS) – le Conseil religieux islamique – gère l’administration des affaires musulmanes : collecte du zakât, gestion des wakafs, organisation du pèlerinage à La Mecque, certification halal, construction et entretien des mosquées, éducation islamique et émition de fatwas.
Le pays compte 72 mosquées (notamment la célèbre Masjid Sultan, construite en 1824 et classée monument national), presque toutes administrées par le MUIS. Les fidèles disposent de madrasas pour l’enseignement religieux, d’un tribunal sharia (Syariah Court) pour les affaires familiales musulmanes et d’une entité nationale de mariage musulman (ROMM).
Les principales fêtes islamiques (le Ramadan, l’Aïd-el-Fitr, l’Aïd-el-Kebir) sont officiellement reconnues et célébrées dans le pays. La ville accueille chaque année de nombreux événements culturels musulmans (par exemple des bazars du Ramadan à Geylang Serai) et une politique d’accommodement (menus halal dans les écoles publiques, etc.) permet aux musulmans de pratiquer leur culte dans un cadre légal protégé.
Au niveau social, des organismes communautaires comme le conseil d’entraide MENDAKI (fondé en 1982 pour promouvoir l’éducation et le bien-être de la communauté malaise-musulmane) ou Jamiyah (organisation caritative musulmane) soutiennent aussi la cohésion de cette communauté.
L’hindouisme
L’hindouisme concerne environ 5,0 % des résidents, majoritairement d’origine indienne (surtout tamoule). Cette religion polythéiste comporte de nombreuses divinités vénérées, notamment Vishnou, Shiva, Parvati et d’autres figures du panthéon hindou.
Les fidèles se rassemblent dans des temples aux architectures colorées : le plus ancien est le temple Sri Mariamman (datant de 1827), situé dans Chinatown et classé monument national pour son importance historique.
D’autres temples importants sont Sri Srinivasa Perumal à Serangoon Road, Sri Sivan et Sri Vairavimada Kaliamman, tous gérés par le Hindu Endowments Board (HEB), un organisme public chargé de quatre grands temples historiques.
Les principaux rites et fêtes tels que Diwali (fête des lumières) et le pèlerinage de Thaipusam sont organisés publiquement, avec par exemple un décorum spécial dans Little India. Les hindous ont aussi leurs écoles de religion et bénéficient de la liberté de culte garantie par la Constitution.
Le HEB organise plusieurs festivités hindoues (thaipusam, marche sur le feu, etc.) et collabore aux événements interreligieux, renforçant ainsi la participation des hindous à la vie civile singapourienne.
Le taoïsme et les croyances chinoises
Le taoïsme et les traditions religieuses chinoises comptent pour 8,8 % de la population selon le recensement 2020. En pratique, de nombreux Chinois combinent bouddhisme, taoïsme, confucianisme et culte des ancêtres sans séparation nette : on parle souvent de « religions chinoises traditionnelles ».
Des temples tels que le Thian Hock Keng (datant de 1820, dédié à la déesse de la mer Mazu) et le temple Kwan Im (dévoué à la déesse de la compassion Guan Yin) illustrent ce patrimoine. Thian Hock Keng, classé monument national, témoigne de cet enracinement chinois depuis le XIXᵉ siècle. Ces lieux assurent des cérémonies taoïstes classiques (prières aux esprits, offrandes) et participent aux festivals traditionnels (Nouvel An lunaire, fête des lanternes, etc.).
Au-delà des temples, beaucoup pratiquent des rites domestiques (autels familiaux) selon cette fusion spirituelle. Comme les autres religions, le taoïsme s’exerce librement : des associations et prêtres taoïstes œuvrent dans le conseil interreligieux et dans le dialogue au quotidien.
Autres confessions
Singapour abrite également d’autres communautés religieuses plus modestes. Le sikhisme (aboutissant 0,3 % de la population) est représenté par deux gurdwaras (temples sikhs) importants, notamment le Central Sikh Temple de Tessensohn Road. D’autres groupements incluent la communauté juive (synagogues Maghain Aboth et Chesed-El), les pratiquants jaïns et zoroastriens (peu nombreux), ainsi que des bahaïs et d’autres nouvelles confessions. Au total, ces « autres religions » rassemblent moins de 1 % des habitants.
Les autorités gèrent la diversité en laissant des associations officielles agir : par exemple, la Hindu Advisory Board ou la Singapore Buddhist Federation sont des organismes de liaison pour leurs communautés respectives. Tous ces groupes bénéficient du même principe de liberté de culte et participent aux efforts communs de cohésion sociale.
Coexistence religieuse et liberté de culte
La coexistence pacifique est inscrite dans la loi singapourienne. La Constitution garantit à toute personne le droit de professer, pratiquer et propager sa religion. En pratique, cela signifie que chacun peut construire des lieux de culte et organiser des cérémonies religieuses, tant qu’il respecte l’ordre public et ne crée pas de mésentente entre communautés.
Des lois spécifiques visent à préserver l’harmonie : l’Article 15 de la Constitution affirme la liberté religieuse, tandis que le Sedition Act et la Maintenance of Religious Harmony Act autorisent des mesures préventives contre tout discours ou acte susceptible d’inciter à la haine interconfessionnelle.
Par exemple, les Témoins de Jéhovah et l’Église de l’Unification, jugés comme des sectes subversives, ont été dissous dans le passé, bien que leurs membres puissent toujours pratiquer en privé si la loi est respectée. Le gouvernement convoque régulièrement le Presidential Council for Religious Harmony et l’Inter-Religious Organisation (IRO) pour promouvoir le dialogue.
L’ancien Premier ministre Lee Kuan Yew l’énonçait clairement : “toutes les communautés doivent adopter le principe du ‘vivre et laisser vivre’” et accepter les différences sans imposer leurs pratiques aux autres. Cette démarche d’harmonie religieuse est illustrée par des activités interconfessionnelles (prières communes, conférences) et par le respect mutuel des grandes fêtes culturelles (Thaï Pongal, Fête du Printemps, Pâques, Hari Raya…).
Au final, la société singapourienne valorise l’idée que toutes les religions doivent pouvoir s’exprimer, contribuant ainsi à une coexistence stable et respectueuse.
Lieux de culte emblématiques
- Masjid Sultan : située à Kampong Glam, cette mosquée historique (construite en 1824) est un symbole du patrimoine islamique, classée monument national depuis 1973
- . Elle séduit par son dôme doré et ses cours traditionnels.
- Sri Mariamman Temple : le plus ancien temple hindou (édifié en 1827 à Chinatown), de style Dravidien. Monument national pour son importance historique et architecturale, il accueille les Tamouls pour leurs prières et festivals.
- Thian Hock Keng : temple taoïste dédié à la déesse de la mer Mazu (1820), c’est le plus vieux temple chinois de Singapour. Il est connu pour sa riche décoration architecturale et son statut de monument national
- St Andrew’s Cathedral : cathédrale anglicane néo-gothique (1861) de la ville, premier édifice protestant de Singapour. Elle symbolise la présence chrétienne historique et continue d’accueillir des fidèles de différentes communautés.
- Buddha Tooth Relic Temple : temple bouddhiste construit en 2007 à Chinatown, réputé pour abriter une relique de Bouddha. Ce sanctuaire moderne et sa pagode impressionnante sont ouverts à tous pour la méditation et la visite culturelle.
Perception de l’islam et organisations musulmanes
Dans l’ensemble, l’islam est perçu comme une communauté respectée et bien intégrée. Les musulmans malais sont citoyens à part entière : l’État reconnaît leurs spécificités (jorf), tout en promouvant le communautarisme harmonieux.
Les grandes fêtes musulmanes (Aidilfitri, Aidiladha) sont même jours fériés nationaux, ce qui reflète l’acceptation du pluralisme religieux. Les médias locaux évoquent peu de frictions quotidiennes ; les préoccupations internationales (terrorisme, extrémisme) sont gérées par les autorités qui surveillent et préviennent tout discours radical.
Par ailleurs, les institutions musulmanes sont en phase avec la société : le MUIS (conseil religieux officiel) collabore régulièrement avec d’autres religions dans des projets de solidarité et d’éducation interconfessionnelle. Parmi les organisations actives, citons aussi le Yayasan MENDAKI (fondation de développement pour les Malais-Musulmans) ou Jamiyah (associations d’aide sociale).
Enfin, le système de certification halal (géré par MUIS) facilite l’accès aux produits conformes aux préceptes islamiques, assurant aux fidèles un environnement respectueux de leurs valeurs. Au total, la visibilité de l’islam à Singapour est positive : ni marginalisé ni hégémonique, il contribue au dialogue interreligieux tout en préservant ses traditions selon des règles établies par la loi.
Sources : Données officielles du recensement 2020
singstat.gov.sg
rapports de liberté religieuse
en.wikipedia.org
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