Hamza, un jeune Franco-Algérien de 25 ans ayant fait le choix audacieux de quitter la vie trépidante de Paris pour embrasser une nouvelle aventure à Pattaya, en Thaïlande. Ce témoignage explore les multiples facettes de mon expatriation : de la décision initiale aux défis quotidiens, en passant par les découvertes culturelles et les rencontres enrichissantes.

1. Salam alaykum, présente-toi s'il te plaît...

Aleykoum salam Je me présente, je m'appelle Hamza et j'ai 25 ans. Je suis français d'origine algérienne et je suis célibataire.

2. Dans quelle ville vis-tu actuellement ? Ou bien pour quelle ville témoignes-tu ?

Actuellement, je me trouve à Pattaya en Thaïlande. Oui, vous avez bien entendu, Pattaya ! MDR

3. Si tu es étudiant(e) ou fraîchement diplomé(e) peux-tu nous en dire plus sur ton cursus scolaire ?

Je suis diplômé d'un Master Audit et Contrôle, al hamdoulilah, depuis 2020. Mon parcours académique a débuté avec un baccalauréat STMG, suivi d'une classe préparatoire aux Grandes Écoles dans le but d'intégrer une École de Commerce.

Pourquoi es-tu parti(e) vivre à l'étranger ? Comment es-tu arrivé(e) là-bas ?

Je suis parti à l'étranger car j'en avais marre de Paris et je ne me sentais pas à ma place en France, notamment en raison des difficultés à pratiquer ma religion.

J'ai postulé à diverses offres d'emploi à l'étranger, principalement dans des pays musulmans, et al hamdoulilah, Allah Azawajel m'a facilité cette destination. Je suis parti dans le cadre d'un VIE (Volontariat International en Entreprise).

Es-tu venues en famille ?

Je suis parti seul.

Comment as-tu fait pour obtenir ton visa ?

Alhamdulillah, étant partie dans un cadre professionnel, un consultant en immigration s'est chargé de toutes les procédures. Je devais juste fournir les documents nécessaires. La Thaïlande est le pays qui demande le plus de justificatifs, notamment depuis le Covid. Le visa est assez rapide à obtenir une fois que vous avez fourni tous les papiers, de même pour le permis de travail.

Parle-nous de ton métier là-bas et comment ça se passe au travail ?

Je suis Contrôleur Financier International, une sorte de mini DAF, chargé de la supervision, du contrôle et de l'accompagnement des équipes comptables et de contrôle de gestion. Je suis responsable de la finance de deux usines qui fabriquent différents types de chauffe-eau destinés à différents marchés internationaux. Le groupe dans lequel je travaille est spécialisé dans le confort thermique (chauffe-eau, chauffage, climatisation, etc.).

Je travaille uniquement avec des Thaïlandais, ce qui est assez compliqué étant donné que ce n'est pas la même mentalité qu'en Europe ni le même style de travail. En grande partie, ils ne sont pas autonomes, ne respectent pas les délais car rien n'est grave ici, et ils ne feront jamais preuve d'initiative. Néanmoins, les Thaïlandais sont très respectueux et ouverts d'esprit.

Comment as-tu trouvé ton emploi là-bas ?

J'ai tout simplement postulé sur le site Civiweb qui regroupe l'ensemble des offres de VIE et VIA.

Comment se porte le marché de l'emploi là-bas ?

En Thaïlande, c'est le plein emploi et lorsque vous avez les compétences et un profil international (vous parlez anglais), vous pouvez trouver du travail facilement et être très bien payé. Ici, les gens démissionnent souvent, surtout dans les fonctions support.

Comment as-tu fait pour ouvrir un compte bancaire là-bas ?

Pour ouvrir un compte bancaire, il est nécessaire d'avoir un permis de travail. Néanmoins, vous pouvez très bien utiliser votre compte français pour effectuer des paiements (gratuit avec Boursorama) ou retirer de l'argent.

Comment as-tu trouvé ton logement là-bas ?

Il est très facile de trouver un logement ici, il suffit d'avoir l'argent pour le payer. Il y a beaucoup d'agences et la plupart proposent les mêmes biens. Elles sont présentes sur Facebook ou sur des sites internet.

Comment ça se passe pour la conduite ou les transports en commun ?

Les voitures roulent à gauche, comme dans les anciennes colonies britanniques. Si vous restez plus de 3 mois en Thaïlande, il vous faudra passer le permis thaïlandais, qui consiste à payer et regarder une vidéo ! Du coup, les Thaïlandais ne savent pas conduire. C'est le deuxième pays avec le plus d'accidents au monde, j'en vois quasiment tous les jours. Les scooters sont les plus dangereux ; ils s'insèrent de tous les côtés sans même regarder. Sinon, il y a le taxi moto, Grab (comme Uber), et les minibus.

Parle-nous du coût de la vie là-bas en général...

Vous pouvez avoir de très bons appartements pour 150 euros par mois, tout comme de grandes maisons pour 800 euros par mois, et plus de 1000 euros par mois c'est le grand luxe (pas comme un studio à Paris). Ici, la vie n'est pas chère, et elle l'est encore moins dans les villes moins touristiques. Les transports sont abordables : vous avez les petits bus qui font le tour du quartier (26 centimes), taxi moto (entre 1 et 7 euros), Grab (5 euros), et vous pouvez louer un scooter pour 50 euros par mois. Je sais qu'un expatrié avec un travail lambda en entreprise sur place touche minimum autour de 1600 euros, ce qui est énorme ici. L'essence coûte 70 centimes le litre. Un forfait entre 5 et 9 euros est illimité. Il coûte moins cher de manger à l'extérieur (local) que de préparer ; un repas tourne autour de 2 euros. Pour tout ce qui est sport et loisirs, cela reste assez cher, étant donné que c'est plus destiné aux touristes et expatriés.

Concernant les écoles, il y a ici une école musulmane avec un cursus normal et des cours de religion en plus.

Et le shopping c'est comment là-bas ?

Ici pour le shopping, il y a tout ce qu'il faut : vous avez beaucoup de magasins, de centres commerciaux et de marchés, pour tous les budgets. Mais ce qui est bien ici, c'est que vous pouvez faire du sur-mesure pour pas cher. Les quartiers que je préfère ici, c'est Jomtien car la plage y est magnifique et vous avez pas mal de restaurants en bord de plage (c'est là où la majorité des expatriés vivent), et Siam Country Club (Nongprue), c'est là où vous trouverez la majorité des restaurants halal et où vivent les musulmans.

Parle-nous de la culture locale...

En Thaïlande, c'est le pays du sourire : les gens sont très accueillants et veulent communiquer même avec la barrière de la langue. Ils sont ouverts d'esprit, ne sont pas stressés dans la vie de tous les jours et vivent à la cool, ce qui se ressent dans leur façon de conduire en voiture, ce qui peut être assez énervant. La nourriture est exceptionnelle ici, il n'y a pas un plat que je n'ai pas aimé et j'en découvre tous les jours.

La Thaïlande est un pays bouddhiste, donc vous trouvez des idoles à chaque coin de rue. Néanmoins, la deuxième religion du pays est l'islam, donc les deux vivent ensemble en harmonie. En ce qui concerne le travail, les musulmans travaillent avec des musulmans et pareil pour les bouddhistes. En ce qui concerne les rapports avec les étrangers, cela dépend du lieu : si ce sont des personnes qui côtoient souvent des étrangers, il n'y a pas de problème, mais de manière générale, les Thaïlandais ont peur des étrangers.

Qu'y a-t-il à découvrir comme endroits sympas là-bas ?

Mes endroits préférés à Pattaya incluent le food market de la mosquée Nur el Yaqin, où les gens sont très accueillants et la nourriture est excellente. J'apprécie également le Sky Gallery, un restaurant rooftop offrant une vue imprenable sur la mer et les îles. Après y avoir dîné, vous pouvez descendre sur la plage pour nager. The Glass House est un autre endroit que j'affectionne particulièrement, un restaurant atypique et magnifique au bord de la plage.

Il y a de nombreuses îles autour de Pattaya, mais je n'ai pas encore eu le temps d'y aller. La ville elle-même est déjà assez dépaysante et regorge d'endroits magnifiques à découvrir.

Y a-t-il des mosquées là-bas ? Comment vivent les musulmans ? Est-ce que tu te sens plus libre de vivre ta religion ?

Dans mon quartier, il y a environ 7 mosquées, et dans toute la ville, il y en a une dizaine, al hamdoulilah. Il existe une grosse communauté musulmane ici, composée de Thaïlandais mais aussi d'étrangers (Pakistanais, Malais, Bangladais, etc.). En majorité, les musulmans suivent le mouvement "tablir", cependant, dans quelques mosquées, c'est la Sunnah qui prime. Les musulmans vivent en paix ici, et il y a énormément de femmes voilées et portant le niqab. Concernant le niqab, dans les quartiers bourgeois, on m'a dit que les gens posent des questions mais seulement par curiosité. Hamdoulilah, les musulmans sont souriants, communicatifs et disponibles pour aider en cas de problème. Le premier jour où j'ai vu mon voisin, il m'a invité au mariage de sa fille, ce qui est rare en France. Aussi, on entend l'adhan car il est diffusé par haut-parleur, et ça n'a pas de prix. Oui, je me sens largement plus libre, al hamdoulilah.

Quels sont les bons restaurants pour manger halal ?

Il y a énormément de restaurants halal, notamment dans le quartier de Nongprue où se trouve la majorité des mosquées. Vous avez le street food market de la mosquée Noor Al Yaqin, au centre de Pattaya, Curry Home de la cuisine indienne, excellente cuisinée par un frère hafiz al-Quran, Allahuma barik, Halal Kin Khao, un petit restaurant appartenant à un frère du Bengladesh et sa femme thaï, qui cuisine tous les plats locaux. Les deux restaurants à côté de Totailla Masjid proposent également des mets exquis.

En réalité, tout est bon ici, peu importe le restaurant, vous allez vous régaler. Néanmoins, concernant le halal dans le centre, surtout chez les étrangers, il faut faire attention parce que apparemment certains se fournissent parfois pour le poulet, par exemple, du halal puis un jour non halal, ils veulent juste le moins cher, qu'Allah nous préserve.

Qu'est-ce que tu apprécies particulièrement là-bas ?

Franchement, j'apprécie tout, al hamdoulilah. Les deux problèmes sont que ce n'est pas un pays musulman et, comme beaucoup de pays, l'argent est maître. La vie est paisible ici, on peut pratiquer notre religion, les gens sont agréables, on mange bien, les paysages y sont magnifiques.

Y avait-t-il un mythe sur le pays avant que tu viennes ?

Oui, moi-même j'appréhendais avant de venir ici. Pattaya est tristement célèbre, néanmoins, al hamdoulilah, peu importe le pays où tu vas, tu trouveras ce que tu cherches. L'intention, c'est le plus important, hamdoulilah. Je suis entouré de musulmans et je peux pratiquer ma religion correctement loin de la fitna.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs arrivants pour trouver du travail, s'intégrer socialement, se faire un réseau, se faire des amis, etc. ?

Pour s'intégrer ici, il suffit d'être comme eux : souriant et communicatif, même si vous ne parlez pas la langue. Surtout, ne pas être constamment nerveux ou bouder. La plupart des gens que j'ai rencontrés, c'était à la mosquée ou au camp de Muay Thai (Venum, le repaire des musulmans). En ce qui concerne les amis, avec le Covid, c'est compliqué, car les gens ont assez peur de la maladie ici, donc il n'y a pas trop de monde dans les mosquées.

As-tu une anecdote sympa sur ta ville à nous raconter ?

non.

Cite-nous les 5 meilleures raisons de s'installer dans cette ville en tant que Muslim Expat...

Je n'encouragerai personne à aller vivre dans un pays non musulman, sauf s'il s'agit d'acquérir de l'expérience et si c'est impossible pour lui d'aller directement dans un pays musulman. Faire les causes est le plus important. Qu'Allah nous facilite.

Quels sont les "PLUS" de la ville ?

Plage, restaurants, communauté musulmane

Quels sont les "MOINS" de la ville ?

Tourisme, beaucoup d'expatriés, salon de massage

À part la famille et les amis, qu'est-ce qui te manque le plus de ton pays de départ ?

Rien

Pour conclure l’expatriation à Pattaya

Mon aventure à Pattaya est loin d'être terminée. Chaque jour apporte son lot de découvertes et de défis. Ce que j'apprécie le plus, c'est la possibilité de vivre ma religion librement, dans un environnement qui respecte les différences.

Les préjugés sur Pattaya et la Thaïlande en général ont rapidement laissé place à une réalité bien plus nuancée et enrichissante. Cette expérience d'expatriation m'a transformé, me rendant plus ouvert, plus tolérant et plus conscient des merveilles que notre monde a à offrir.